Biographie
France ,
"On dira d’elle partout qu’elle utilise uniquement le procédé de tirage Fresson (comme Bernard Plossu). Que ça explique la dinguerie des couleurs. Elle raconte qu’elle rôde, l’appareil sous le manteau, à l’affût de l’instant qui va l’émouvoir. De celui qu’elle attend depuis toujours. Elle dit aussi qu’elle n’a pas fait d’école autre que celle de l’apprentissage, dès 15 ans, du procédé photographique dans un studio à Sucy-en-Brie. C’est-à-dire qu’elle a commencé par y faire le ménage. Parce que c’était ça ou l’industrie textile. Elle sera ensuite laborantine pour la presse. Ce n’est qu’à partir de 1981 que Dolorès Marat, née en 1944, produira ses ‘‘photographies personnelles’’. Toutes ces données constituent une sorte de mythe et la tentation est grande de penser qu’on pourrait formuler à partir d’elles la recette des photos Dolorès Marat, leur secret. Car l’univers de la photographe est intense. On entre en effet dans ses clichés comme dans des tableaux, des instants tellement réels qu’ils confinent au magique. Un ensemble poudré, un brin nostalgique, toujours vrai, là, épidermique.
La photographie de Dolorès Marat se passe la nuit. La question ici n’est pas tant celle de la prise de vue. ‘‘Le dromadaire du théâtre de Palmyre’’, par exemple, a été prise en pleine journée et semble sortie d’un rêve: le ciel (d’une couleur indéfinissable) gronde tandis que l’animal paît sur une dalle qui semble ne proposer aucune herbe, rien de comestible. En arrière plan, le théâtre, d’un calcaire aux tons roses. C’est d’ailleurs lui le sujet; ses arrêtes débordent de la photographie et, passant sous le dromadaire, il dévore le premier plan au point que l’on se demande s’il n’arrive pas jusqu’à nous. Les tons Fresson, l’angle de la prise de vue: impossible de ne pas avoir la sensation de fausseté que procure le décor en carton-pâte. La façade tranche avec le ciel comme s’il s’agissait d’un collage (elle aurait donc l’épaisseur du papier photo) tandis que l’ouverture principale suggère un dédale infini à l’intérieur du bâtiment. L’ensemble nous emmène rien moins qu’en science fiction. La nuit donc, plus que le réel, la nuit et sa valeur d’onirisme, de marge. Les photographies se passent la nuit parce qu’elles ne prétendent pas tant rendre compte du tangible que du ressenti. L’image est le fragment d’un monde tout en étant sa seule forme possible. Ce qui se joue est de l’ordre du cinématographique. On pense au chuintement de la pellicule qui est la trace sur laquelle se construit le film. Quelque chose se trame. C’est qu’il y a double itinérance: celle de l’oeil qui capte et celle du sujet. Et la photographie, point de jonction de ces itinérances, n’est pas figée. Elle est la saisie d’un moment passé mais, parce qu’elle comporte tout ce qui a mené la photographe à l’endroit de la prise, elle n’a rien d’arrêté.
La rencontre, l’importance du moment très bref de la capture de l’image, expliquent en partie pourquoi Dolorès Marat ne retouche ni ne recadre jamais ses images. Le geste importe plus que le résultat. Il s’agit de rendre compte d’une émotion sans filtre, pas de discourir ou de donner une quelconque prouesse à voir. Un détour par la proximité de la démarche de Daidō Moriyama permet de préciser plus encore. L’errance, qui est la commune mesure des deux photographes sert à saisir l’acmé d’un scénario qui appartient tant à l’artiste qu’à son sujet et qui est la matière de la photographie. Comme si la photographie était une porte ouverte, un souffle libérateur. Tel un procédé chimique, l’image créée par la rencontre entre l’artiste et l’espace photographié tend ainsi à devenir une entité nouvelle, un espace à investir."
Clare Mary Puyfoulhoux | Avril, 2016
Expositions (depuis 2000)
2019 : L’atelier Gulla Jonsdottir – Louis’ Dimension Los Angeles West Hollywood
Louis’ Dimension Gallery, Artup Lille grand palais, France
2018 : Fotofever - Carrousel du Louvre, Paris
2017 : Paris Photo Grand Palais, Paris
2016: Zoom, Flair Galerie, Arles, France
Tourbillon, Studio Fotokino, Marseille, France
2015 : Mille rêves, Leica Store, Paris, France
2014 : Fotofever, solo show Dolores Marat, galerie Besson, Carrousel du Louvre, Paris
Dolores Marat, Plus loin en Méditerranée, Cannes, musée de la Mer
Traces, galerie Françoise Besson
2013 : Sirocco, In camera gallery, Paris
2011 : Sirocco, Galerie Aliceday, Brussels
Spectacle, In camera Gallery, Paris.
2010 : Siroco, Atelier de Visu, Marseille
2008 : Solo show, festival 9PH Galerie Besson et Néon, France, Lyon
2007 : MKgallerie, Rotterdam, Pays Bas
Galerie Kamel Mennour, Paris, France
2006 : To be art, Saint-Barthélemy
2004 : Centre culturel français de Damas (Syrie)
2003 : Centre Art moderne, Enghien Les Bains, France
Open Eyes Gallery, Livepool (UK)
2002 : Hermès, New-York, USA
Galerie Damasquine, Bruxelles, Belgique
Galerie Serge Anoukrat, Paris, France
2001 : Galerie Contrejour, Marseille (F)
Centre culturel de Cherbourg (F)
Collectives exhibitions (selection since 2000)
2018 : Galerie des franciscains, Saint Nazaire, France
2017 :Musée botanique, Bruxelles
2016 : ST ART, Strasbourg, galerie Françoise Besson
Paris Photo, In Camera Gallery, Grand Palais, Paris
Art Paris, Grand Palais, galerie Françoise Besson
Photomed, galerie Barthélémy de Don, Sanary sur mer
2015 : London ArtFair, Galerie in Camera, Londres
Les rencontres de la photo d’Arles, Hôtel de Grille
Temps zéro, Braga (Grèce)
Art Paris art Fair, Grand Palais, galerie Françoise Besson
2014 : Paris Champ & Hors Champ, Galerie des bibliothèques, Paris 4ème
BORDeMER, collection photographique du Conservatoire du Littoral
Ecole Nationale Supérieure d'Architecture Paris-Val de Seine
Photo Docks Art Fair Lyon, Dolorès Marat & Gilles Verneret
Devenir Arbre / Debout depuis 10 ans, galerie Françoise Besson
Jane Evelyn Atwood et Dolorès Marat, Centre méditerranéen de la
photographie et la ville d'Ajaccio.
Open your eyes, cloître Saint Louis parcours de l’art en Avignon.
La femme est un photographe comme un autre, festival des promenades
photographiques, Vendôme
2013 : Paris Photo Grand Palais, Paris
2011Transition, in camera Gallery, Paris
2010 : Scope Basel, Suisse, Galerie Françoise Besson
Mediterranean photography, Bath House of the Winds, curated by Stavros
Moresopoulos, Athènes
2008 : Centre d’Art Contemporain de Pontmain, Pays de la Loire
2006 : Château d’eau Toulouse (F)
2004 : Paris Photo (F)
2002 : Mois de la photographie, Pyngyao (Chine)
Mois de la photo, Paris, Galerie Iris (F)
2001 : Mai-Photographiques, Quimper (F)
Sense of Space, Groningen (Pays-Bas)
2000 : Watt’s Gallery, New York
Photographers’ Gallery, Londres (UK)
Mois de la photo Galerie Serge Abouckrat
Galerie Thierry Marlat,
Mémoire de l’Europe, Hôtel de ville,
Paris Photo, Carrousel du Louvre (F) /
Damasquine gallery, Bruxelles (Belgique)
Collections
Guggenheim Museum (NY),
Musée de la photographie, Charleroi (Belgique),
Galerie Frédéric Bazille, Montpellier (F),
Fnac (F), Artothèque de Nantes (F),
L’oeil Ecoute, Solignac (F),
Coimbra (Portugal),
MEP, Paris, NSM vie (F),
Fond National pour l’Art Contemporain (F),
Cabinet des Estampes, Bibliothèque Nationale de France, Paris (F),
Artothèque de Lyon, et Particuliers.
Editions
2018 : « Mezzo Voce » éditions Fario
2017 : « Palmyre et autres orients » éditions La Pionnière
2016 : « Paris Correspondances » éditions La Pionnière
2007 : « Insolite » portfolio éd Chez Higgins, coll. Témoignages Portfolio tiré à 30
exemplaires numérotés et signés par l’artiste, l’éditeur, et le préfacier,
chroniqueur Vincent Applanat, comportant 15 photographies au format 13 x
19 cm chacune encartée dans une feuille cristal.
« Metro » porfolio éd chez Higgins, coll.Espaces.
2003 : « Illusion », Editions Filligranes, Préface de Marie Darrieussecq
2002 : «New-York USA», Editions Marval Paris
2001 : « Labyrinthe », Le point du jour éditeur et Dewi Lewis Publishing
2000 : « Boulevard Maritime » , Carnet de voyage N°9, Le point du jour éditeur
1995 : « Rives » - Ed. Française : Marval, English ed. : Dewi Lewis Publishing,
German ed. : Braus
1992 : « Passage » - In visu
1990 : « Eclipse » éditions Contrejour